En finir avec le mythe autour de l’intrapreneuriat, et comment VRAIMENT encourager les profils entrepreneurs !

Estelle Paruta
Estelle Paruta

Des articles sur l’intrapreneuriat ou l’art d’entreprendre en entreprise, vous en avez déjà lu beaucoup.

De la bienveillance au growth mindset en passant par l’importance de la créativité au travail ; les conseils (plats, plus pointus, pragmatiques, parfois plein de bons sentiments) ne manquent pas pour apporter un souffle d’innovation au bureau. Pourtant, les entreprises ont toujours autant de mal à trouver le bon équilibre entre proactivité et stabilité, et la psychologie positive n’est pas très utile face aux impératifs de rentabilité…

Alors, l’intrapreneuriat, effet de mode encouragé par les GAFAM et la Silicon Valley ? 

Eh non, pas du tout. Celui-ci a été décortiqué, théorisé, enseigné depuis… 1934 ! Plus ancien que les pages de vos manuels d’histoire, il a donc fait ses preuves, ce qui n’empêche pas la communication des entreprises autour de la « dimension entrepreneuriale des profils embauchés » d’être parfois peu en phase avec la réalité. 

Mais qu’est ce qui empêche vraiment l’esprit entrepreneurial de réussir sa période d’essai en entreprise ?

Et surtout, quelles vraies solutions pour prendre en marche le train de l’intrapreneuriat en 2022 ?

La vérité sur l’intrapreneuriat aujourd’hui

Comment expliquer le décalage entre communication RH et réalité ?

Comme vous pouvez l’imaginer, la position des chefs de business units est délicate : tenus à des objectifs chiffrés et poussés à innover pour garder un temps d’avance sur le marché, ils n’ont que peu de marge de manœuvre pour mener ce vaste programme. Sans possibilité de gérer un budget propre, les moyens alloués à l’innovation ne sont pas suffisants pour voir grand. Ils n’ont pas non plus la liberté de répartir leurs équipes entre missions classiques et projets non conventionnels, ni de les former pour leur donner les clés nécessaires à la conduite de projets novateurs.  

Leur capacité à prendre des risques est donc limitée, or, si on se penche sur la définition même de l’intrapreneuriat, le saut dans le vide, avec ou sans parachute, en est une composante essentielle. Attention, petit cours d’économie : plusieurs chercheurs très sérieux ont théorisé les cinq piliers du corporate entrepreneurship, qui sont donc : la propension à innover, la prise de risque, la proactivité, l’agressivité compétitive et l’autonomie de l’action. Deux de ces conditions sont donc bridées par la faible marge de manœuvre des managers, ce qui ne nous avance pas plus sur la question, mais patience, les solutions arrivent bientôt !

De plus en plus de profils entrepreneurs quittent l’entreprise :

Résultante évidente, l’explosion du nombre d’entrepreneurs qui se sont lancés au cours des deux dernières années.

L’INSEE enregistre un « nouveau record de création d’entreprises en 2020 malgré la crise sanitaire », avec 4% de hausse par rapport à 2019. Les micro-entrepreneurs (anciennement autoentrepreneurs) sont 9% de plus à avoir sauté le pas que l’année précédente, et, en dehors de cette catégorie, « seules 7% des entreprises ont des salariés au moment de leur création ; elles emploient alors 3 salariés en moyenne ». Et ce n’est pas fini ! En 2021, selon Capital Management, 995.868 entreprises ont vu le jour, soit une augmentation de plus de 17% par rapport à 2020. Là encore, les auto-entrepreneurs et les sociétés individuelles sont majoritaires. On en arrive enfin à votre secteur d’activité : les nouveau-nés du champ de l’information/communication sont 25,4% de plus que l’année dernière !  Certes, beaucoup ont été licenciés pour raisons économiques (merci le Covid).

Mais, au milieu d’une crise, renoncer à la sécurité du salariat pour monter son entreprise, c’est faire un peu comme Vil Coyote qui saute dans un précipice pour attraper Bip Bip : on prend le risque de s’aplatir.

Cette détermination à devenir son propre patron dans des temps plus incertains que jamais montre bien l’importance que de plus en plus de personnes attachent à l’autonomie et à l’entrepreneuriat.

Ok, donc, maintenant qu’on a un œil sur la situation dans sa globalité, on fait quoi au juste ?

Réponse : des pas de côté intelligents.

Les solutions adoptées par les grands groupes :

On commence déjà par se tourner vers les organisations qui pèsent et savent rester deux temps en avance sur le marché. Essayons un instant d’oublier leur tendance à presser leurs employés comme des fruits trop mûrs pour leur smoothie du matin…

Ces entreprises laissent beaucoup de liberté à leurs salariés : liberté d’user de leur temps, de moyens financiers et humains, liberté de bénéficier de conseils avisés, de soutien et de process clairs pour suivre l’avancée de leurs projets. Ainsi, Google accorde aux collaborateurs 20% de leur temps de travail (soit une journée par semaine) pour plancher sur des projets professionnels qui changent des missions habituelles. De nombreux groupes créent des labs, vaisseaux spatiaux plus ou moins indépendants du reste des équipes, regroupant tous ceux désirant inviter l’innovation à la table des grands. Selon Véronique Bouchard, professeur à EM Lyon, il existe même 7 façons d’intégrer ces communautés d’intrapreneurs à l’entreprise, en fonction de la structure et de la culture du groupe. 

Un autre prérequis à l’intrapreneuriat est, vous l’aurez compris, d’allouer un budget aux équipes ou aux groupes d’intrapreneurs, dont ils pourront disposer (avec droit de regard, tout de même !) pour réaliser leurs projets. La possibilité pour les managers de dispatcher leurs équipes sur des missions novatrices et de les former pour faire avancer ces projets est également cruciale. Enfin, il est important de mobiliser le service RH, pour établir un parcours clair permettant aux profils proactifs de structurer leur projet, de savoir à qui demander aide et ressources, et d’être mis en lien avec des personnes expérimentées.

Assurer l’autonomie de l’équipe pour créer les fondations nécessaires à l’intrapreneuriat :

Nous l’avons vu, un des piliers de l’intrapreneuriat est l’autonomie au travail. Toutes les entreprises n’ont pas la même approche du management, et les chefs d’équipes ont parfois du mal à laisser leurs collaborateurs prendre eux-mêmes en main leur façon de travailler. Imaginez-vous en pleine effervescence intellectuelle, en train de développer l’idée du siècle… et de devoir envoyer un compte-rendu complet de toutes vos actions à votre n+1 à chaque pause-café. Je parie que votre créativité en serait un peu ébréchée, non ? 

Avant même de laisser plus d’autonomie à votre équipe, il est donc nécessaire de travailler sur VOUS. Pas d’inquiétude, nul besoin de 20 ans de psychanalyse à décortiquer vos complexes d’Œdipe devant les « hum, hum » imperméables d’un professionnel. Dans un webinaire pour Yodise, trois spécialistes* de l’autonomie au travail donnent des conseils simples, de ceux qui sont devant votre nez, mais qui, justement, sont cachés par celui-ci (à moins de loucher très fort) :

  • Commencer par le commencement, et vous poser vous-même la question : Suis-je moi-même autonome ?
  • Est-ce-que dépasser mes peurs, transformer les obstacles du quotidien en opportunités font partie de mes valeurs ?
  • Ai-je l’humilité de regarder en face mes craintes et de concevoir mes collaborateurs comme tout aussi compétents que moi ?

Trêve de développement personnel, il s’agit maintenant d’appliquer ces valeurs avec comme objectif la congruence, notamment en :

  • Posant des intentions claires avec un discours cohérent
  • Laissant de la liberté à ses collaborateurs tout en les guidant, les sollicitant, et en célébrant leurs réussites pour les maintenir engagés
  • Privilégiant la motivation par le collectif et les projets plutôt que par le contrôle et les deadlines

Chacun de ces points mériterait un mémoire tout entier, mais je vous sens en train de vous endormir sur votre clavier…

 Et c’est LÀ que la partie la plus intéressante intervient :

Quel est l’avenir de l’intrapreneuriat ? A quelle sauce les managers super rigides vont-ils être mangés dans quelques années ?

  L’avenir de l’intrapreneuriat (qui arrive très vite)

Télétravail, intrapreneuriat à distance et nécessité de la proactivité pour l’avancée des équipes :

Pas besoin d’être un génie pour constater que le télétravail vous oblige à plus d’autonomie ! Les salariés les plus indépendants, débarrassés de l’obligation de « pointage », exultent de bonheur, et les plus avides de process sont un peu perdus mais bien contraints de s’adapter. Les profils entrepreneurs sont donc au summum de leur efficacité grâce à la crise sanitaire, et les managers se retrouvent à essayer de suivre le rythme. La bonne nouvelle ? Il ne sera plus jamais possible de manager ses équipes « comme avant » ; les éléments les plus proactifs se démarquent, et… cherchent le sens de leur travail. Ils n’ont plus besoin de faire du présentéisme, bouclent leurs dossiers nettement plus rapidement que leurs collègues, et se demandent plus que jamais ce que leur apporte RÉELLEMENT leur job, au-delà du salaire. Pourquoi ne pas travailler avec la même efficacité, mais à leur compte, en se fixant leurs propres objectifs et en optimisant leur organisation, allégée des réunions interminables et des process ? 

Si vous vous reconnaissez dans ce profil, cette question doit vous travailler (attention, jeu de mots) depuis quelques temps. Et si vous êtes manager, elle a dû vous faire rater quelques battements de cœur. L’intrapreneuriat permet aux équipes de travailler sur des projets nouveaux, enthousiasmants, avec une marge de manœuvre beaucoup plus large que pour leurs tâches habituelles. Les changements apportés à l’entreprise sont tangibles, les résultats se voient, et, si vous avez retenu le point précédent, leur prise d’initiative est récompensée, valorisée. Quand on sait que 42% des salariés souffrent du manque de reconnaissance au travail, l’intrapreneuriat prend tout son sens. 

Tenté par le développement de projets innovants et rassuré(e) par le statut de salarié ? Laissez une chance à votre entreprise et envoyez-lui cet article ☺.

Manager les nouvelles générations, plus demandeuses de liberté d’action que jamais :

Exactement comme les profils qui apprécient le télétravail, ceux qui n’ont peut-être même pas connu les cassettes et les walkmans, ne comptent pas rendre de comptes toutes les heures à leur n+1 et s’enliser dans un travail sans valeur ajoutée. Plus aventureux et moins paralysés par la peur de l’échec, ils ont l’habitude de remettre en question les cadres qui ont perdu de leur pertinence. Mettons-nous deux petites secondes à leur place : au milieu d’une société qui ne tient plus qu’à un fil, où les enfants croient à la fin du monde et où même les « vrais » adultes ont perdu leurs certitudes, réinventer les règles et s’adapter rapidement est pratiquement une question de sélection naturelle… Et ces nouvelles générations n’hésitent pas à changer de travail aussi souvent que nécessaire pour échapper à ces normes et prendre le meilleur de ce que chaque entreprise peut leur offrir.

L’intrapreneuriat devient alors plus qu’un moyen de rester motivé au bureau, mais une façon de répondre à cette nécessité de challenger ce qui est en train de s’écrouler. Et cette population jeune sera très certainement la force qui permettra à l’entreprise de maintenir son cap tout en devançant ses concurrents, à travers tous les tremblements qu’elle aura (de toute façon) à surmonter.

To put it in a nutshell…

Les chefs de business units ont un rôle bien difficile à jouer ! Leur manque de marge de manœuvre et de liberté de décision peut expliquer le décalage observé entre la recherche de « profils à dimension entrepreneuriale » …et la réalité. Alourdies par les process et par la difficulté à accepter la prise de risque, les entreprises ont du mal à retenir les entrepreneurs en herbe qui sont de plus en plus nombreux à se lancer à leur compte, malgré la crise actuelle. 

La solution ? Faire des pas de côté intelligents, s’écarter des clous sans perdre de vue sa destination.

Pour cela : un tuto cuisine à l’école des gros groupes du CAC 40, une cuillère de développement personnel vraiment efficace et adapté à la réalité du manager, une pincée de congruence, et surtout, un accompagnement structuré à base de nouveaux process bien frais.

Ajoutez là-dessus la sauce unique et secrète de votre culture d’entreprise, et vous aurez le mélange parfait pour surfer sur les transformations accélérées par le télétravail et la vision neuve des nouvelles générations.

L’encadré des bonnes idées

 DARE by LVMH

Le programme DARE (“Disrupt, Act, Risk to be an Entrepreneur”) de LVMH Open Innovation accompagne depuis 2017 les intrapreneurs dans le développement de leurs projets. L’incubateur a déjà pris sous son aile 52 projets enthousiasmants depuis 2017 !

Au menu:

  • Accès à une plateforme d’échange en ligne
  • Formation aux fondements du développement de projets 
  • Mentorat par les CEOs des Maisons LVMH et des entrepreneurs
  • Soutien financier par les sponsors du groupe pour les meilleurs participants

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